A l’hémicycle, les positions claires, précises et catégoriques ont leurs limites. L’histoire s’est souvent répétée pour les députés. Certains ont la mémoire courte. Ils retombent toujours dans la même erreur. Celle de privilégier la cause de leurs partis, leur intérêt politique et personnel au détriment de la patrie et de leurs électeurs. Le problème, c’est que le processus électoral, le système et l’exercice politique se sont révélés inadaptés. Cela a fini par décrédibiliser une classe politique toujours incapable de rentrer dans les rangs. On peut, aisément, trouver quelques raisons à ce genre d’accommodement et arrangement, mais nous savons comment se comportent certains députés, nous savons aussi qu’ils sont passés maîtres dans le changement de position. Nous savons finalement ce que valent leurs engagements et leurs promesses.
Le vote de confiance au gouvernement proposé par Mechichi, qui aura lieu aujourd’hui dans le cadre d’une séance plénière, risque de connaître des surprises. Nous connaissons les partis et les blocs parlementaires qui sont pour un gouvernement de compétences et ceux qui sont contre. Mais nous ne savons pas si les positions resteront vraiment les mêmes lors du scrutin. Le vote de confiance d’aujourd’hui risque de ne pas être le résultat d’un positionnement objectif et rationnel, mais de considérations régies par des critères où la raison et l’intérêt du pays risquent de n’y jouer qu’une part limitée.
Avec ses 54 députés, Ennahdha a été — et il l’est encore — contre un gouvernement de compétences. Le parti islamiste a aujourd’hui son poids au Parlement, mais on ne sait pas s’il en sera de même en cas d’élections législatives anticipées. Le même constat est pratiquement valable pour la plupart des autres partis et blocs parlementaires, même si les sondages placent le PDL en pole position au cas où l’on aurait recours à une nouvelle configuration parlementaire. Avec 16 députés, le Parti destourien libre ne cesse d’émettre des réserves sur la proposition de Taoufik Charfeddine à la tête du ministère de l’Intérieur et de Mohamed Boussetta au ministère de la Justice.
Qalb Tounès, avec 27 députés, a fait savoir lui aussi qu’il est contre la présence de certains noms dans le gouvernement Mechichi, mais qu’il tient à éviter au pays de sombrer dans le chaos avec la dissolution du Parlement et le recours aux élections anticipées. Toujours est-il qu’à l’instar d’Ennahdha, le parti a forcément du poids dans la balance.
Si Tahya Tounès (10 députés) affirme soutenir le gouvernement Hichem Mechichi, à condition de mettre en place un programme de sauvetage urgent, le Courant démocratique ainsi que la Coalition Al Karama se sont déjà positionnés dans l’opposition et n’accorderont pas par conséquent leur confiance au gouvernement.
Dans un contexte et une ambiance particuliers où seuls les actes peuvent définir les rôles et juger de leur justesse, il est encore temps de rappeler aux élus du peuple qu’ils sont dans l’obligation de rendre justice et de prendre les décisions sans lesquelles le processus démocratique ne pourrait se poursuivre…